Je suis trop grand pour moi

Je suis trop grand pour moi,
Plaqué le dos au mur
Je reste innocent, les mains qui saignent

Certains s'engloutissent dans la boue insipide
Et se noircissent dans la foule
Trop grands, trop vieux, trop tôt, ils ont jeté leur volonté aux pieds des idoles, offertes en sacrifices, devant les prêtres de la catharsis

Je suis à contre courant
A l'envers, à l'endroit, jamais comme il le faudrait
Ne vois-tu pas venir ?
Le maelström infini de nos idéaux préconçus et lyophilisés ?
Les prisonniers s'y laissent noyer et perdent la vie, la lumière qu'ils ont cru un jour espérer
Et d'autres se font des lauriers des veines de ceux qu'ils auront crevés !

Et cette odeur de mort qui plane…
Et cette odeur de mort, sans doute

L'homme abandonne l'homme et laisse tomber à terre sa semence
Rien ne grandira plus
Les épines l'auront étouffé
Quand donc sonnera-t-il, le divin hasard ?
Quand donc cesseras-tu d'attendre ?
Il faut cracher,
Il faut sourire et danser
Et soulever de terre ce que nous ne pourrons emporter

Extrait de mon recueil "Ephéméride"