MIDEM : réinventer complètement le marché de la musique, mais aussi son offre !

Le MIDEM 2011 a lieu en ce moment même au Palais des Festivals à Cannes. L'oocasion pour moi de vous parler du marché de la musique et plus particulièrement de l'offre musicale.
Je souhaite mettre en parallèle deux articles :
Ces deux articles sont vraiment intéressants car ils témoignent de l'approche qu'on les gens de l'industrie de la musique - je veux dire les décideurs, les patrons des labels et les directeurs artistiques - quant à "la crise du disque", la fameuse crise...

Une chose est sûre : depuis l'apparition de Napster en 1999 (puis sa fermeture quelques années plus tard), personne n'a su gérer voire devancer le profond changement qui s'est produit dans notre manière de consommer de la musique. Je le redis : consommer, et non pas écouter. Je reviendrais sur cette différence plus tard.
Le premier article dans le Figaro est alarmant ! Il montre à quel point les patrons des labels - fussent-ils indépendants ! - n'ont absolument rien compris à la problématique actuelle ! Ils interpellent le gouvernement en ne parlant que d'argent (mise en place de subventions) et de répression (Hadopi, que je ne vais pas aborder, sinon je m'énerve...). Ils sont totalement à côté de la plaque !



Nous avons changé notre manière de consommer : exit le disque ! Nous privilégions le MP3, voire le streaming. La diffusion de la musique repose désormais sur l'Internet et la mobilité (diffusion en direct sur les tél. portables). C'est un fait. Au lieu de le limiter, de vouloir le contrôler, il vaut mieux l'accepter, le devancer, le favoriser !
Le corollaire important de cela c'est que non seulement le disque est mort, mais son marché est mort avec lui. Je veux dire par-là qu'il ne faut plus espérer gagner sa vie ou  faire tourner un label en vendant des albums. Ce modèle a tenu 50 ans, il est fini.

L'article de la Tribune souligne à quel point les réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook ou Youtube sont importants dans la promotion de la musique. Ce qui est le plus frappant, vers la fin de l'article, c'est l'évocation des "Digital Natives", soit les 12-15 ans qui n'ont jamais acheté de musique de leur vie. Pour eux, elle naturellement gratuite, via les réseaux peer-to-peer, mais surtout grâce à Youtube. Ce sont eux les auditeurs de demain, et ils montrent par leur habitudes de consommation que la "vente d'albums" est déjà dépassée et morte.

Ce que j'en déduis : l'album en tant que tel devient aujourd'hui un outil promotionnel et non une fin en soi, un objet en soi. Cette crise - autant prédire la disparition - du disque oblige les musiciens à se recentrer sur leur métier de base, celui qui existait bien avant que l'enregistrement sonore ne soit inventé : le concert ! Autre conséquence : n'ayant que la scène pour continuer à gagner des millions, certains comme U2, Madonna ou Johnny Hallyday réclame 150 € pour aller les entendre (foutage de gueule) !

Pour conclure, les acteurs de l'industrie de la musique ne devrait pas demander plus d'autorité ou de contrôle de l'Internet, encore moins des subventions pour produire des disques en calquant le modèle des avances sur recettes du cinéma. Ce serait une profonde erreur. Il faut au contraire subventionner lieux de concert à Paris et en province, demander des travaux d'isolation phonique (car de nombreux lieux de concert ferment suite à des plaintes du voisinage), équiper les salles avec du matériel standard et professionnel, imposer un modèle commun pour que chaque artiste, même débutant, soit rémunéré. Là, oui, la musique dans sa VRAIE diversité aura un avenir. Car ce qui n'est pas dit, dans aucun des deux articles, c'est nous n'avons pas changé notre manière d'écouter : notre curiosité est toujours la même. Or le coeur de la crise actuelle n'est pas du tout le piratage. La baisse des ventes est essentiellement dûe à une réelle pauvreté de l'offre : on nous sert toujours la même chose, le même r'n'b avec les mêmes clips, la même chanson française qui nous raconte invariablement ce que fait la voisine de palier, ou la même techno joyeuse toujours la même depuis 15 ans censée nous "alléger d'un quotidien trop lourd".

Au lieu de parler de chiffres, marchés, de "new mass media", qu'ils favorisent plutôt la diversité artistique et l'existence de lieu de concerts dignes de ce noms !