De l'internet comme caisse de nos résonances

Le suicide d'Amanda Todd, l'adolescente canadienne qui s'est donné la mort après avoir subi un cyber-harcèlement durant des années, nous donne à réfléchir sur l'Internet et son rôle que nous lui donnons dans nos vies particulièrement dans le cadre de nos liens sociaux.


Car il y a une grosse différence entre l'Internet des années 1990-2000 et celui que nous connaissons maintenant. La multiplication des supports mobiles, des objectifs de caméra omniprésents et l'expansion des réseaux sociaux ont transformé ce réseau de diffusion de données en une gigantesque foire à bêtises où chacun peu se mettre en scène et - pire - mettre en scène d'autres individus. Ce qui est catastrophique, c'est que nous n'avons plus droit à l'erreur et surtout, nous n'avons plus droit à l'oubli.

Il nous est tous arrivé un jour de commettre un impair, une bourde monumentale, de dire un mot totalement inapproprié. Heureusement, que ce jour là, qu'à cet endroit-là, il n'y avait ni objectif ni micro pour capter ce moment embarrassant. L'eau a coulé sous les ponts, l’évènement a été relégué au passé et la vie a continué.
C'est justement ce droit à l'oubli dont a été spolié Amanda Todd. Elle a fait une erreur ou elle a été poussée à le faire ; quoi qu'il en soit, elle avait droit comme tout le monde à ce qu'on oublie cet écart. Mais l'Internet est devenu la caisse de nos résonances bénéfiques comme maléfiques car il ne fait pas le tri. C'est un espace démocratique où même les langues les plus venimeuses ont droit à la parole.
Pour Amanda Todd, l'eau n'a pas coulé sous les ponts et la vie n'a pas continué. Elle s'est arrêté le jour où elle a commis son erreur. Et comme Bill Murray dans le film "Un jour sans fin", elle a été condamnée à rester coincée dans ce jour maudit car le réseau a offert à son cyber-harceleur tous les outils nécessaire pour la torturer ad vitam.

J'ai toujours considéré Internet comme un outil formidable et c'est toujours le cas aujourd'hui. Mais l'histoire d'Amanda Todd me laisse une profonde amertume sur notre nature humaine car d'un outil aussi puissant nous sommes capables de faire un outil de torture. Une sorte d'Anti-Pierre philosophale : de l'or, nous tirons du plomb.
Aussi j'en appelle à votre prudence : protégez-vous et protégez vos enfants. Amusez-vous, partagez, communiquez, mais assurez vous de ne rien laisser de trop personnel qui soit en accès public et direct sur Internet. Assurez-vous de garder le contrôle sur vos données en lignes, utilisez des mots de passe forts. Et surtout restez toujours méfiants des réseaux sociaux comme Facebook,Youtube, Pinterest, Flickr. Ce sont désormais la mémoire de notre monde, et celle-ci est indélébile. 

Une dernière chose : débranchez votre webcam quand vous n'en avez pas besoin.