de notre techno-servitude qui confine à l'idiotie

Jules Verne avait imaginé notre vie dans son livre (non paru de son vivant, car jugé pessimiste) "Paris au XXe siècle". Mais qu'aurait-il pensé de notre quotidien hyperconnecté ?
Justement, une publicité pour un opérateur mobile à 3 lettres me fait bondir : on y voit un dresseur faire jouer de la flûte à son cheval par un naseau, et on nous propose de revoir cette vidéo grâce à la 4G. C'est vrai que je trouve cette vidéo complètement décalée et drôle ; mais le message qui l'accompagne est aberrant et navrant : ainsi cet opérateur nous propose d'utiliser la pointe de la technologie pour voir des inepties ? Je veux dire : des ingénieurs et des techniciens ont consacré leur temps et leur intelligence à mettre au point un réseau mobile haut débit pour au final véhiculer des conneries ? Mais je trouve que le réseau mobile -ce fil à la patte moderne- va plus loin dans notre néo-esclavagisme.


Non content de nous permettre de voir des vidéos imbéciles ou de mettre à jour nos statuts Facebook en traversant la rue, le réseau mobile est devenu aussi une norme dans le monde professionnel. Je gagne ma vie en tant que consultant informatique en prestation de service, ce qui me permet de voir régulièrement de nouvelles sociétés et leur mode de fonctionnement. Une chose me frappe, c'est la généralisation du smartphone professionnel et de la clé 3G/4G. Ainsi, le salarié ne quitte jamais son entreprise, peut consulter ses mails le week-end et être maintenu dans un devoir d'ultra-réactivité présentée comme un progrès mais qui ruine le bien-être des employés. Comme ses mails sont envoyés en temps réel en mode "push" sur son smartphone, il ne peut ignorer ceux-ci (ou alors sciemment mais il devra le justifier). Mieux, la 4G permet maintenant des visioconférences à tout moment ! Une salariée que je connais a ainsi pu en maintenir une, bien qu'étant à l'hôpital au milieu d'un arrêt maladie (sic) ! (OK, c'est une work-aholic, mais c'est emblématique de l'emprise du réseau mobile.)

Depuis près de 6 semaines, je n'ai plus de smartphone. Ce qui est un choix aujourd'hui a commencé par un incident : lors du dernier concert avec Batchass le 4 avril dernier, mon mobile resté dans ma poche n'a pas supporté la quantité de sueur et de chaleur que j'ai dégagées ; un court-circuit a eu raison de lui. Pour le défi, j'ai pensé ne pas le remplacer. Ce fut assez bizarre la première semaine : je me suis senti inutile, un peu perdu, loin des réseaux sociaux et de mes soi-disant amis électroniques. Mais peu à peu, j'ai redécouvert tout le temps que j'ai regagné (reconquis ?).

Par effet de contraste, j'ai pris conscience de ma dépendance au smartphone ou plus exactement à mon besoin permanent d'accéder à l'information, mineure (retrouver le nom d'une actrice de série) comme majeure (actualités politiques) ou insignifiante (combien de followers j'ai gagné sur Twitter). Ce besoin de connexion avec le monde virtuel était mon ombilic avec le monde tout court. Être humain se devait d'être connecté, autrement dit être désincarné. Ce que j'essaie de vous montrer, c'est à quel point le réseau mobile et nos envahissants smartphones nous pousse à une attitude duale et proche de la folie où nous sommes à la fois vivants, ayant un corps (pas souvent bien traité, mais passons) mais à la fois totalement virtualisés et idéalisés sur la Toile. L'argument commercial et médiatique majeure est de poster sur la Toile chaque instant de vie, même et surtout le plus con ! Jene saurais trop vous conseiller de revoir cette magnifique vidéo "Look Up" nous invitant à lever la tête hors de nos smartphones :


Pour conclure, sachons sortir de nos schémas de consommateurs de virtuel. Vivons la vie au temps présent et non au passé composé twitté instagramé. Levons la tête, posons ce putain de smartphone et payons-nous une bonne bière une bonne boisson qui nous fait plaisir!