Florentine (ex-Flash), interprétée par Josephine Alhanko |
Par exemple, ce champ de tir ultraréaliste où les Hubots victimes simulent à la perfection la crainte et les atroces souffrances, satisfaisant la partie la plus bestiale ou primaire de notre instinct de chasseur. Ou cette réaction qu'a cet homme qui, découvrant un Hubot femelle abandonné, le réactive et déboutonne sa braguette, évidemment... En fait, toute réaction considérant les Hubots comme de "simples machines" amène souvent aux comportements les plus bestiaux, violents, cruels, immoraux.
À l'inverse, les réflexions amenés par le groupe / parti politique Äkte Människor sont toutes fondées et intéressantes : les Hubots prennent les emplois à la place des humains, certains Hubots sont bien sûr plus performants, plus "doués dans leur job : ainsi Mimi devient une brillante juriste. Les Hubots pervertissent la société car ils bousculent tous les codes dans tout domaine, et nous obligent à nous questionner en permanence, à repenser l'ordre social. Enfin, ils agrandissent la fracture d'une société à deux vitesses où les riches et les investisseurs peuvent s'offrir les services / la main d'oeuvre d'un Hubot et les pauvres en subissent les conséquences avec le chômage et la précarité.
Mais le plus touchant dans cette saison selon moi est le personnage de Flash qui se rebaptise Florentine pour mieux s'intégrer à la société des hommes. Son rêve ? Fonder une famille, avoir des enfants, être amoureuse (?). Cette sculpturale Hubot au physique de Barbie et au regard hypnotique était glaçiale, inquiétante et sèche dans la saison 1. Mais elle fuit son groupe, fait cavalier seul et s'intègre dans la société sans que personne ne se rende compte de sa véritable nature. Pourquoi ? Parce qu'elle est un Hubot très spéciale ("Les enfants de David"), capable de réflexions, de raisonnements et d'émotions (???). Florentine est de loin le personnage qui fait se poser le plus de questions : serons-nous vraiment capables un jour de concevoir une machine / un programme capables de sentiments ? Quelle est la véritable nature de l'âme ? Un ensemble de signaux électriques ? Et l'amour ? De simples stimuli échangés selon un code préétabli ?
Cette deuxième saison est plus dérangeante encore que la première. Plus dure (Béatrice se radicalise et vire sociopathe), plus immorale (les humains réagissent aussi de manière plus radicale), plus sournoise (Mimi qui gagne en compétences et en intelligence, Florentine qui découvre sa passion pour les enfants, assouvit sans rien dévoiler son envie de famille). En filigrane, une fois de plus, cette série fait nous poser la question de notre dépendance à la technologie. Notre création n'est-elle pas déjà en train de nous dépasser, de nous asservir (voir mon billet précédent) et nous réduire à de simples consom-mateurs exécutants ? Aurons-nous assez de sagesse pour nous arrêter à temps ?
(Vous savez déjà que la réponse est non...)
À lire, la rencontre avec Joséphine Alhanko sur le site du Point.
À voir, la saison 2 intégrale en VOD sur le site d'Arte.