Les artistes sont fatigués

Il y a de vrais moments de découragement, de lassitude, de "à quoi bon ?" quand on se retourne sur sa route. Tant de temps et de lutte pour au final, ne rien gagner ou si peu, que ce soit en argent ou en reconnaissance ! Tant d'espoirs misés, de château en Espagne ou de plans sur la comète pour au final n'intéresser que ma mère et intriguer ma fille ! Je ressens parfois le poids de ma solitude face à cette tâche - qui en fait n'a rien d'artistique - qui est de faire connaître mon travail au public.

Soyons honnêtes un instant : je suis un quasi inconnu. Je peux m’enorgueillir 220 "likes" sur ma page Facebook et de 916 "followers" sur Twitter ; merci à tous les internautes qui me suivent. Mais il faut relativiser : ces chiffres sont faibles et les réseaux sociaux engagent peu au final. 900 followers ne signifie pas 900 écoutes sur votre nouveau titre !
Cela fait plus de 20 ans que je navigue dans l'ombre de l'underground pour tenter de faire exister ma musique et mes mots. Toutes mes tentatives de porter mon travail à la lumière se sont soldés par des échecs.

Quand je vois que sur mon SoundCloud, un titre comme Gladiateur n'a eu que 52 lectures depuis 2009 !



En comparaison, Artémis Kitta voit son Who I Am grimper à plus de 700 lectures en 3 semaines !


Crise de jalousie de ma part ? En fait, pas vraiment (d'autant que j'ai composé Who I Am, donc ce n'est pas le problème...). C'est juste de la déception, les épaules qui tombent. Je fais du bon boulot - en solo - qui n'intéresse personne, c'est tout. Ce n'est pas de votre faute, je ne blâme personne, je ne cherche pas non plus à attirer la pitié - au diable ce sentiment de condescendance !
Le constat est amer.

Pour tout vous dire, même défendre l'excellent travail d'Artémis est dur : nous avons une très bonne équipe, nous croyons énormément au projet ; j'aime sa voix, sa personnalité, tout ce qu'elle exprime par ses textes, ses photos et prochainement dans ses clips. Mais la faire sortir de l'anonymat pour aller enfin en milieu pro est compliqué, laborieux, décourageant, usant. Et parfois, comme en témoigne ces lignes, l'espoir s'émousse :
Le talent ne suffit pas, les réseaux sociaux sont de la poudre aux yeux, la mode est extrêmement volatile, la diffusion radio est verrouillée, la curiosité d'écoute est minimale, les goûts sont normalisés, pour qui veut une musique de caractère la nostalgie est de mise. Je suis fatigué de tout cela, las. À quoi bon ?
Reste que mon rêve est de platine, inoxydable, inusable.
Alors tant pis, je m'en fous que vous soyez là où non.
Ce geste d'écrire me définit, m'épanouit, me rend vivant.
Malgré tout, je continuerai parce que j'en ai besoin, parce que j'en ai envie.
Parce que je l'ai décidé.
Ma grande force désormais sera d'inventer un nouvel espoir quand il n'y en a plus !
"La persévérance est souvent la clé de la victoire"