Ailleurs si j'y suis

Moi, ailleurs... (en Islance, sur la caldera du Krafla)
Étonnant comme j'ai toujours envie d'aller voir ailleurs si j'y suis !
Étonnant par ailleurs que je m'y retrouve, immanquablement !

Cette quête d'ailleurs ne me quitte pas, d'ailleurs. En cette période de confinement, elle devient une quête intérieure pour voyageur immobile. Car le cœur de la réflexion est : si je me retrouve systématique ailleurs lorsque je désire précisément vérifier si j'y suis, n'y a-t-il as une sorte de rendez-vous ? Une part de moi ne se serait-elle pas rendue en avance dans cet ailleurs fantasmé afin qu'à un moment donné je m'y retrouve ?

Par ailleurs, cela évoque un écho à cette phrase de Gilbert Cesbron:
Oui, faut-il attendre qu'il soit juste un peu trop tard pour comprendre que le véritable Ailleurs est en nous : au fond de soi, au fond de l'autre. Selon les uns, on doit l'appeler Dieu; selon les autres, l'Amour. Mais voici le grand secret : c'est la même chose.

La quête du grand Ailleurs n'est pas à l'extérieur, elle n'est pas sur une terre connue ou inconnue, sacrée ou promise, elle n'est pas dans des substances censées abrutir la conscience et ralentir le flots des pensées, elle n'est pas dans une doctrine guindée et rigidifiante qui, comme les substance précédentes, n'a d'autres but que d'arrêter de se poser des questions, d'avoir plutôt des réponses que des questions qui restent ouvertes, béantes, la quête du grand Ailleurs n'est pas dans l'admiration de milliers d'anonymes, elle n'est pas non plus dans l'abrutissement d'un travail qui fournit une raison d'être sans donner de sens véritable.

Le grand Ailleurs est à l'intérieur, dans les infinités de soi-même. 

Nous sommes et resterons toutes et tous, individuellement, bien plus vastes que nous le pensons, plus vastes qu'on nous laisse le supposer. Notre intérieur est bien plus qu'un jardin secret : c'est une véritable étendue magnifique dont on peine à cerner les limites.

Il est, il sera toujours grand temps de prendre rendez-vous avec soi-même, et d'aller à ce rendez-vous, à ces rendez-vous.
Ne serait-ce que pour se voir soi,
Ne serait-ce que pour commencer à faire connaissance avec soi-même et sentir que de se définir est bien plus complexe qu'il n'y paraît,
Ne serait-ce que pour commencer une histoire d'amour avec soi
Ne serait-ce que pour échanger avec soi, poser un regard bienveillant sur soi.


Le poète mystique Rûmî (1207-1273) nous rappelle :
Rappelez-vous toujours :
Vous êtes plus courageux que vous ne le croyez
Vous êtes plus fort que vous ne paraissez
Vous êtes plus intelligent que vous ne pensez
Et deux fois plus beaux que vous ne pouvez l'imaginer


L'appel de l'Ailleurs pour voir si j'y suis est toujours présent. Il est grand temps que j'y réponde afin de prendre conscience à quel point j'ignore que je suis vaste.
Il y a beaucoup de Beauté à découvrir encore.