Le syndrome de l'imposteur


Connaissez-vous le syndrome de l'imposteur ? Sans doute que oui, sauf que vous ne saviez pas que cela s'appelait ainsi. Le syndrome de l'imposteur est, je cite, "une forme de doute maladif qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement personnel.". Dit plus prosaïquement, on doute en permanence de soi-même au point de se croire comme un imposteur en passe d'être démasqué par les autres. Sur Wikipedia, j'apprend qu'il porte aussi le nom de "syndrome de l'autodidacte, phénomène de l'imposteur, expérience de l'imposture".

Depuis quelques temps, je prends conscience à quel point le syndrome de l'imposteur est présent dans ma vie depuis des années, et sur bien des domaines:

  • En musique,
  • Au travail,
  • En tant que parent,
  • Et bien évidemment, en amour

Une sorte d'épée de Damoclès est en permanence au-dessus de ma tête. Elle prend la forme d'une phrase: "Bien évidemment qu'on va découvrir que je suis incompétent (travail)/ pas assez technique ni talentueux (musique)/ pas un bon exemple, un bon repère, que mes enfants seront déçus (parent)/ inintéressant, ennuyeux, systématique, falot (amour)". Je suis un éternel imposteur en cavale. Une manie typique que j'ai est d'attribuer une idée que j'ai eue à quelqu'un d'autre, particulièrement au travail : cela donne l'impression de soutenir l'autre, de favoriser la collaboration mais surtout, cela éloigne la possibilité de critiques. 

Je suis capable de me surmener, d'investir une grande énergie pour une tâche au travail ou, il y a encore quelques temps, en musique de peur qu'on découvre que je suis un escroc. Je porte mon attention sur un maximum de détails afin que ma crédibilité ne puisse être remise en cause. Je recherche toujours l'effet "waouh". Mais j'ai des épisodes de fatigue profonde ou asthénie à cause de cela.

Un autre comportement typique : je ne fais que très rarement preuve de confiance en moi. Comme si la modestie était en permanence et en toutes situations la meilleure attitude à adopter (ce qui est faux, par ailleurs). Encore une fois il s'agit là d'une stratégie : l'absence de confiance en soi fait taire la majorité des critiques et permet d'éviter tensions et conflits.

Mais le prix est cher : l'état d'anxiété est permanent et généralisé car la situation (virtuelle) d'imposture l'alimente énormément. Or, mon anxiété est là depuis très longtemps. J'ai pu avoir des comportements addictifs et d'autodestruction pour tenter de la faire taire, bien qu'à l'époque je ne l'avais pas clairement identifiée, tout juste qualifiée de "mal être" flou et mal défini. J'angoisse sur tout et tout le temps. C'est plaisant à vivre...

Cette sensation d'être un imposteur est présente depuis tellement longtemps que je ne sais pas ce que veut dire "être soi-même". Cela sonne creux, m'as-tu-vu, vague et, allez j'ose : impossible. On n'est jamais soi-même, sauf dans la plus parfaite solitude. L'autre m'impose une nécessaire adaptation. Vous voyez ? Je raisonne comme un imposteur, tellement persuadé d'en être un !

Mais pourquoi est-ce que je vous parle de tout ça ? Pour que ces faux masques tombent, le(s) mien(s) en premier. Pour que celles et ceux qui se sentent interpellées en me lisant commence à se poser des questions, à faire les premiers pas pour se libérer car c'est un poids immense que nous mettons sur nos épaules. Selon Wikipédia toujours, "il est estimé qu’environ 70 % de la population peut être touchée par ce syndrome ou vivre un épisode de ce syndrome au moins une fois dans leur vie".

Vous souhaitez faire un test ?  La psychologue Pauline Rose Clance en a conçu un tout simple, noté sur 100. Il est disponible ici en ligne sur son site et c'est un simple PDF donc pas d'envoi de données personnelles : on lit, on prend des notes de son côté et on s'autoévalue. Et il est en accès libre et gratuit.

Se libérer de ce genre d'état d'esprit - car non, ce n'est pas une pathologie - est essentiel pour faire baisser le niveau d'anxiété. Or, l'anxiété vous pourrit la vie, le quotidien, les relations avec les autres, la relation avec vous-même, vos raisonnements et même vos prises de décisions. C'est bien parce que nous sommes tenaillés par une peur que nous allons prendre une décision plutôt qu'une autre, bien souvent vers plus de fermeture que d'ouverture d'esprit.

Prenez le temps de mettre à la porte cet imposteur qui n'a tout simplement jamais existé.