Le carnet des gratitudes

Ceci est un carnet.

Oui, vous vous en doutez.

Mais ce n'est pas n'importe quel carnet ! Tout d'abord parce que c'est le mien et que je l'ai personnalisé, mais surtout, c'est un carnet des gratitudes ! En voici le principe : tous les soirs, avant le coucher, j'y écris 3 gratitudes, 3 moments de ma journée dont je suis reconnaissant de les avoir vécus. 

Et cela peut être très simple : voir un beau lever de soleil un matin d'hiver, entendre un rire d'enfant, recevoir une déclaration d'amour, écrire une ébauche de chanson, avoir un fou rire, admirer un arc-en-ciel, savourer une bonne glace dans la vieille ville, etc. Et bien sûr, cela peut naturellement être professionnel : réussir telle présentation, rendre à temps tel document, gagner un contrat, etc. J'y consigne 3 moments de ma journée qui en ont fait une belle journée.

Je peux vous avouer que je ne réussis pas tout le temps à avoir 3 gratitudes. Mais parfois, j'en mets le double aussi ! Et je ne suis pas rigoureux - mais j'intègre aussi mon petit dilettantisme sans culpabiliser - et je n'écris pas tous les soirs, quand bien même ma journée a été bonne.

Mais alors pourquoi je vous parle de tout cela ? Il faut savoir que des études en neurosciences (dont en voici une sérieuse ici) ont démontré que le sentiment de gratitude est le plus "neuroprotecteur" ou dit plus prosaïquement, c'est un sentiment "nettoyant" notre cerveau. La gratitude nous aide à éliminer les émotions négatives, les idées noires.

Vous le savez déjà, j'ai traversé une dépression qui a duré une décennie (et j'en ai fait une trilogie d'albums), et je sais par expérience à quel point les idées noires peuvent obstruer l'esprit voire, à la longue, modifier votre personnalité. L'exercice des gratitudes fait donc partie pour moi d'une hygiène mentale afin de maintenir mon esprit clair, et surtout laisser grandir la part la plus lumineuse de ma personnalité. L'objectif premier était de "tenir éloignée la perspective que la dépression revienne", mais au fur et à mesure, c'est devenu "m'ouvrir à la vie, à la joie d'être, laisser mon âme s'exprimer". Souvenez-vous de ce que nous dit le philosophe Alain (1868-1951) : "Le pessimisme est d'humeur, l'optimisme est de volonté !". L'optimisme est un apprentissage qui n'est pas naturel ou inné. L'exercice des 3 gratitudes a justement ce but : faire travailler régulièrement le "muscle" de l'optimisme. Non pas un optimisme béat, obtus et ridicule, mais un optimisme conscient et ouvert, capable de contre-balancer ce que nous encaissons, refoulons et taisons tous les jours.

Et il y a un bonus ! En plus de l'écrire, il y a le plaisir à le relire : je découvre avec encore plus de gratitude à quelle point la vie est belle. Je suis gâté, je vois finalement qu'il y a plein de petits cadeaux que l'Univers me fait régulièrement. Je vois que je trace mon chemin vers plus de lumière, plus d'ouverture. Parfois je chute ou je me perds,  car mon chemin n'est ni régulier ni droit. Mais je poursuis sans relâche et en cela, je grandis. 

Et c'est sans doute la plus grande force de ce petit carnet : nous les adultes, nous sommes désormais tous seuls pour grandir (car nous continuons de grandir, et on dit "mûrir" en langage adulte). Lorsque nous étions enfants, nos parents, grands-parents, frères ou sœurs nous guidaient et servaient de modèles. Maintenant que nous sommes des grands, nous sommes seuls avec nous-mêmes. Parfois quelques compagnons de route peuvent nous guider un temps, mais ils n'auront pas la même influence que nos parents. Le carnet des gratitudes est un auto-accompagnement. Grâce à lui, nous devenons le guide pour grandir/mûrir à l'âge adulte. La partie la plus sombre de nous-mêmes se constitue toute seule, naturellement. Mais la partie lumineuse, elle, est une vraie conquête ! À vos carnets !