La tolérance, concept paradoxal

Mandala moitié en couleur, moitié en noir et blanc

La tolérance est une vertu cardinale de nos sociétés modernes et démocratiques. Elle se révèle être un concept paradoxal, voire contradictoire. En effet, elle se heurte à une limite : l'intolérance. Comment peut-on être tolérant envers ceux qui prônent l'intolérance ou défendent toute forme de rejet ? Cette question soulève un dilemme fondamental, qui met en lumière les tensions inhérentes à la notion de tolérance.

La tolérance : paradoxale dans son essence

La tolérance implique l'acceptation de la diversité des opinions, des croyances, de culture et des modes de vie. Cependant, cette acceptation ne saurait être absolue. Si l'on tolère l'intolérance, on introduit ce qui risque de saper les fondements mêmes de la tolérance. Ainsi, la tolérance se voit contrainte de poser des limites, de devenir sélective, voire intolérante envers l'intolérance.

Ce paradoxe se manifeste également dans l'exigence de la tolérance envers autrui. Pour être accepté dans un groupe ou une société qui prône la tolérance et en fait une valeur fondamentale, l'individu doit adhérer aux valeurs de tolérance. Mais cette exigence peut être perçue comme une forme d'intolérance, car elle impose une norme, une condition à l'inclusion. C'est là le danger inhérent dans le combat pour la tolérance. Ce combat peut exclure, donc se contredire et produire les effets inverses à ceux escomptés. Le terme même de combat démontre la dérive possible de la violence des exigences.

La tolérance absolue : un idéal irréalisable

Dans un monde idéal, la tolérance serait absolue, englobant toutes les opinions, même celles qui la nient et la mettent en danger. Cependant, cet idéal se heurte à la réalité. La tolérance absolue conduirait à l'acceptation de l'inacceptable, à la légitimation de l'oppression, de la violence, du racisme ou de toute autre forme de rejet de l'autre. Elle se transformerait en son contraire, en une forme de passivité face à l'intolérance. De plus, l'expérience nous montre que ceux qui défendent une ou des formes d'intolérence le font avec une passion et une véhémence que n'ont pas les défenseurs de la tolérance. Un combat inégal, en somme : la tolérance absolue serait mise KO très rapidement.

La tolérance : un équilibre fragile

La tolérance ne peut donc exister que dans un équilibre fragile, entre l'ouverture à la diversité et la défense des valeurs fondamentales et de son existence même. Elle nécessite un discernement, une capacité à distinguer les opinions qui menacent la coexistence pacifique de celles qui contribuent à l'enrichissement du débat public. Ce qui a pour conséquence de devoir diminuer la présence de l'intolérance dans les médias et les réseaux sociaux. Autre paradoxe de la tolérance : elle se doit de contrôler les prises de paroles dans le débat de public, ou dit autrement, d'encadrer la liberté d'expression qui, elle aussi, ne peut être absolue. En définitive, la question de la tolérance exige une vigilance constante pour défendre son existence même.