J'ai une noirceur inhérente à ma manière d'être, mais elle ne me définit pas. J'en joue, je l'appuie parfois sans doute par goût de l'excès. Mais je dois me rappeler qu'elle ne me définit pas. Pas du tout, même.
Un ami qui me connaît bien (et qui m'aime quand même) m'a dit un jour : "Tu me fais penser à un volcan qui connaît bien sa face Nord, celle la plus à l'ombre, mais qui n'aurait pas encore exploré son côté le plus solaire". Il soulignait par là-même ma peur de ma propre lumière ou plutôt mon incapacité à l'apprivoiser. Durant des années, voire des décennies, j'ai passé bien plus de temps à dompter mon ombre et à limiter son influence qu'à cultiver ma lumière. Or, ne serait-ce pas finalement deux façons de combattre la même chose ?
La lumière et l'ombre ont besoin l'une de l'autre. Je remarque la lumière uniquement parce que je suis dans l'ombre. Et vice versa, l'ombre est exactement l'absence de lumière. Plus je cultive la lumière, plus l'ombre recule. C'est un équilibre permanent à ajuster.
J'ai lu un jour cette citation dont j'ai oublié l'auteur-e :
You can look at your own darkness, but don't stare at itVous pouvez regarder votre propre obscurité, mais ne la contemplez pas.
C'est sans doute mon erreur de ces dernières années : j'ai un peu trop souligné mon côté sombre. Je me suis un peu trop attardé dessus, que ce soit dans mes conversations, dans mes écrits et mes créations (poèmes, chansons). Je l'avoue : je ne sais pas parler "lumière". C'est une langue que je ne connais pas... encore.
Je découvre peu à peu, à travers mes lectures notamment, une toute nouvelle manière d'aborder "la lutte contre mon ombre" qui se révèle... ne pas en être une ! L'ombre n'est pas l'ennemie de la lumière mais sa partenaire, et donc elle n'est pas à combattre. L'une et l'autre forment un équilibre, une danse où chacune à tour de rôle prendra le pas, sans mener totalement. C'est à moi d'accepter cette alternance d'ombre et de lumière. Je suis (du verbe être et du verbe suivre !) à la fois ombre et lumière.
Certes, il faut apprendre à accepter l'ombre, accepter sa présence, à la comprendre, à l'apprivoiser, mais surtout, il faut s'ouvrir à la lumière. Il faut chercher à la cultiver, à la nourrir, à l'embrasser. Car c'est dans cette lumière que se trouve la promesse d'un autre été, d'une autre versant, d'une autre version de soi. Mais surtout, il faut trouver son propre tempo pour qu'ombre et lumière puissent danser librement et en rythme.