Créer avec le cœur


J'ai longtemps écrit et créé avec mon ego, à tel point que je ne savais pas ce que voulais dire d'écrire avec le cœur. Il faut dire que le cœur murmure tandis que l'ego vocifère.

Pourtant, dans certains de mes billets précédents, je l'avais senti et avoué que mon écriture puisait avant tout dans une urgence, et donc dans une peur profonde. 

En écrivant ma lettre d'adieu à JeF, je disais également adieu à une manière d'écrire : celle de l'ego. Problème, j'ignorais totalement quelle serait ma nouvelle voie/voix.

Il faut croire que le temps de la maturation n'est pas le temps de l'ego. Lui voudrait que cela soit plus rapide, immédiat presque ! Quand on crée avec le cœur, il faut accepter justement de prendre son temps, le temps du cœur. Il faut accepter qu'il y aura des moments où on ne crée pas, où il ne se passera (apparemment) rien, tout ce que l'ego déteste. Lui veut du concret, prouver que l'on crée, justifier qu'on est artiste et attirer l'admiration des autres ! C'est lui qui pousse à l'urgence. Rappelons-nous toujours que l'ego est constitué essentiellement de peurs.

Le cœur - devrais-je dire l'âme? - ne cherche rien. Il est dans le vrai, l'authentique. Si cela résonne, alors il sera temps d'écrire. Si cela raisonne, alors c'est l'ego qui s'en mêle et ce sera une création sans âme, justement.

Il faut donc attendre que l'âme entre en résonance. 

C'est là un grand changement de paradigme : je ne suis pas un artiste qui doit prouver qu'il crée, je suis un instrument de musique qui résonne. Je suis joué d'une musique qui me dépasse et que je reçois. Cette vision se rapproche de celle d'être comme un chamane, un passeur, un témoin de lumière. Mon âme est capable de cette résonance, mais c'est là mon seul talent. Et c'est sans doute uniquement cela, le talent.

Je découvre ainsi peu à peu ce qu'est que de créer avec son cœur, avec son âme. Tout d'abord, je crée à mon échelle. Le grandiose est optionnel. Le grandiloquent est inutile. Ensuite, je crée selon mon envie (mon en-vie) : c'est donc une création plus profonde, plus détendue, sans doute plus intime. Et elle aussi est source de jubilation. Ce n'est pas le monopole de l'ego.